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« Qu'il(s) retourne(nt) en Afrique ! » est une formule attribuée à Grégoire de Fournas, député français siégeant au sein du groupe RN, qu'il a prononcée à l'Assemblée nationale lors de la séance de questions au gouvernement du [1].

Ce propos jugé raciste provoque l'indignation dans l'hémicycle et une suspension temporaire de séance[2].

Contexte[modifier | modifier le code]

Question au gouvernement[modifier | modifier le code]

Le , lors d'une question au gouvernement sur les migrants posée par le député LFI-NUPES Carlos Martens Bilongo, noir de peau, le député RN Grégoire de Fournas lance, selon les différentes versions avancées : « retourne en Afrique » ou « qu'il(s) retourne(nt) en Afrique. »

Ces propos provoquent l'indignation dans l'hémicycle et une suspension de séance est prononcée par Yaël Braun-Pivet, présidente de l'Assemblée qui annonce dans la foulée que devant la gravité des propos, elle convoquera une réunion de bureau pour examiner la situation dès le lendemain, vendredi 4 novembre[3].

Crise migratoire en Méditerranée[modifier | modifier le code]

L'Ocean Viking.

Le jour même, l'association de sauvetage en haute mer SOS Méditerranée avait sollicité l'aide de la France, l'Espagne et la Grèce pour trouver un port sûr pour débarquer 234 migrants secourus par son navire Ocean Viking avant que la météo ne se dégrade, à la suite de l'absence de réponse de Malte et de l'Italie[4].

L'organisation redoute « un vent fort, de hautes vagues et une baisse de température d'ici la fin de la semaine », ajoutant que « les provisions commencent à manquer » à bord[5].

La nouvelle présidente du Conseil des ministres italien Giorgia Meloni, très hostile à l'accueil des migrants, ne compte pas autoriser le navire de SOS Méditerranée ni ceux des deux autres ONG à accoster. Le nouveau ministre italien de l'Intérieur Matteo Piantedosi a annoncé envisager une interdiction d'entrée dans les eaux territoriales des navires affrétés par SOS Méditerranée et Médecins sans Frontières[6].

Réactions et interprétations[modifier | modifier le code]

« Aujourd'hui dans l'hémicycle, on insulte ma personne. On insulte des millions de Français qui me ressemblent », a déclaré Carlos Martens Bilongo estimant que c'est lui qui était jugé par ces propos racistes. « On siège depuis juin, nous avons eu des débats sur ces sujets et il n'y a jamais eu ce type de réponse. C'est Carlos Martens Bilongo qui reçoit ce type de réponse, beaucoup de Français sont décontenancés, choqués »[7].

Grégoire de Fournas nie tout caractère raciste dans son propos, affirmant qu'il visait le bateau et les migrants de l'ONG SOS Méditerranée et non Carlos Martens Bilongo. Il se dit être victime « d'une manipulation de La France insoumise ». Marine Le Pen et les autres élus RN lui apportent leur soutien[8].

Du côté du pouvoir exécutif, le président de la République Emmanuel Macron se déclare « heurté » par des propos « intolérables ». « Le racisme n'a pas sa place dans notre démocratie », a réagi la Première ministre, Elisabeth Borne[9].

La chaîne d'information américaine CNN reprend la formule « retourne en Afrique » (en anglais : Go back to Africa)[10].

Dans la nuit de jeudi à vendredi, le compte-rendu de l'Assemblée nationale montre que la phrase prononcée par Grégoire de Fournas est bien « Qu’il retourne en Afrique », et non « Retourne en Afrique ». Le Parisien ajoute qu'« il est impossible, à l'oral, d'établir si celui-ci voulait employer le singulier ou le pluriel »[11].

Conséquences[modifier | modifier le code]

Yaël Braun-Pivet, présidente de l'Assemblée nationale depuis .

Cette déclaration fait ressurgir d'anciens tweets de Grégoire de Fournas eux aussi jugés racistes et antisémites, tels que « Ça va être dégueulasse, on est envahi de cette merde (...) À présent ce sont les juifs qui nous imposent cette détestable présence » ou « Est-ce que j’ai le droit aussi de me demander si à Lormont, par exemple, il reste encore des blancs parce que je n'ai pas envie d’être le seul là-bas ? » ou encore « nous pouvons mettre fin à cette anarchie et envoyer les Algériens en Algérie. »[12],[13].

Au lendemain des propos de Grégoire de Fournas, le bureau de l'Assemblée nationale décide de proposer au vote la sanction la plus lourde : censure et exclusion temporaire[14]. Soumise à l'approbation de l'hémicycle, elle a été soutenue par une majorité de députés. Le député RN est privé de la moitié de son indemnité parlementaire pendant deux mois. Il ne pourra pas revenir à l'Assemblée nationale pendant les quinze prochains jours de séance. C'est la deuxième fois qu'une telle sanction est prononcée dans l'histoire de la Ve République[15]. La première, en mars 2011, concernait le député Maxime Gremetz, apparenté PCF[16].

« Le libre débat démocratique ne saurait tout permettre, certainement pas l'invective, l'insulte, le racisme, quelle qu'en soit la cible car il est la négation des valeurs républicaines qui nous rassemblent dans cet hémicycle », a alors déclaré la présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet, appelant « à la dignité de nos débats et au refus de toute haine et de toute violence, fut-elle verbale »[17].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « "Qu'il(s) retourne(nt) en Afrique" : la séance des questions au gouvernement suspendue après la sortie raciste d'un député RN à l'Assemblée nationale », sur France Info, (consulté le )
  2. Ludwig Gallet, « Un député RN accusé d’avoir tenu des propos racistes, la séance interrompue à l’Assemblée », sur leparisien.fr, (consulté le )
  3. « Séance interrompue à l’Assemblée nationale après des propos à teneur raciste d’un député RN », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  4. « Le navire Ocean Viking et ses 234 rescapés toujours bloqués en mer Méditerranée », sur Euronews, (consulté le )
  5. « Crise migratoire : SOS Méditerranée demande l'aide de la France, l'Espagne et la Grèce pour permettre à 234 migrants de débarquer », sur francetvinfo.fr, (consulté le )
  6. Clément Giuliano, « Pourquoi le sort des migrants en Méditerranée inquiète », sur huffingtonpost.fr, (consulté le )
  7. « Député RN accusé de racisme : pour l’élu visé, « Grégoire de Fournas doit démissionner de lui-même » », sur Ouest-France, (consulté le )
  8. « Incident raciste à l'Assemblée : Marine Le Pen dénonce une "polémique grossière" qui " ne trompera pas les Français" » Accès libre, sur ladepeche.fr, (consulté le )
  9. « Interpellation raciste à l'Assemblée: "Le racisme n'a pas sa place dans notre démocratie", réagit Élisabeth Borne », sur BFM TV, (consulté le )
  10. (en) Xiaofei Xu, « French parliament halted by lawmaker’s shout ‘Go back to Africa’ », sur CNN, (consulté le )
  11. Nicolas Berrod, « Qu’il retourne en Afrique » : ce que dit le compte rendu des débats à l’Assemblée nationale », sur leparisien.fr, (consulté le )
  12. « Grégoire de Fournas : d’anciens tweets racistes du député RN refont surface », sur leparisien.fr, (consulté le ).
  13. « "Qu'il(s) retourne(nt) en Afrique" : des tweets gênants supprimés par le député RN Grégoire de Fournas mettent à mal sa défense », sur ladepeche.fr (consulté le )
  14. « La plus lourde sanction pour Grégoire de Fournas après ses propos racistes à l’Assemblée nationale », sur Rue89 Bordeaux, (consulté le )
  15. « Après ses propos racistes, Grégoire de Fournas écope de la plus lourde sanction prévue par le réglement », sur BFM TV, (consulté le )
  16. Juliette Paquier, « Incident à l’Assemblée nationale : les députés sont-ils souvent sanctionnés ? », La Croix,‎ (ISSN 0242-6056, lire en ligne, consulté le )
  17. « Accusations de racisme : le député RN Grégoire de Fournas exclu de l'Assemblée nationale pour 15 jours », sur France Bleu, (consulté le )

Liens externes[modifier | modifier le code]

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